8 nov. 2012 | Rencontres, Entrevues, 2011 à 2015, Débats de Souverains, Vidéos

Bordeaux 1912 - 2012

«Cent ans, on a eu le temps. On a appris depuis!»

Bordeaux 100 ans - 1

Avec Chantal Bouchard, Sébastien Bossé, Sélim Bichara, Nicodème Camarda, Alexandre Carter-Savignac et Stéphane Leduc

8 novembre 2012

Bordeaux 100 ans - 2

Avec Chantal Bouchard, Sébastien Bossé, Sélim Bichara, Nicodème Camarda, Alexandre Carter-Savignac et Stéphane Leduc

8 novembre 2012

Cérémonie d'ouverture du 100me anniversaire de la prison de Bordeaux. Avec Mélissa Lavergne, Kattam, Commandant Robert Piché et les Souverains!

Tu quittes ta cellule
Tu traverses les couloirs
Tu salues tes amis
Tu leur dis " à plus tard "

Tu n' quittes pas Bordeaux
Du moins pas encore
Tu t’évades dans les mots
et la musique des noirs

Ta vie est un roman
Ta vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question

Des questions que tu te poses
en vers et en proses
Je te salue homme de mots,
homme de guitare
et femme de violon
Et je te plaide leur cause

Chantal Bouchard, Sébastien Bossé,
Sélim Bichara, Nicodème Camarda,
Alexandre Carter-Savignac et Stéphane Leduc

Bienvenue parmi les
Souverains anonymes

1- Bonjour chers invités, je m’appelle Michel. Nous sommes contents de vous recevoir aujourd’hui pour souligner, à notre manière, un moment de l’histoire de Montréal. Aujourd’hui la prison de Bordeaux a cent ans. Elle a ouvert ses portes le 18 novembre 2012. Naturellement, comme des milliers de détenus, j’aurais bien aimé que la prison n’existe pas. Mais nous ne sommes pas encore dans un monde idéal. La prison fait partie de notre réalité. Après 100 ans, la prison de Bordeaux fait partie désormais du patrimoine montréalais. Entre 1912 et 2012, la prison de Bordeaux (qu’on appelle officiellement l’Établissement de Détention de Montréal) a beaucoup évolué.. Pour faire le point sur cette évolution, nous avons invité Monsieur Sébastien Bossé, chef d’unité ici même à Bordeaux et Madame Chantal Bouchard, psychologue et agente de probation à la prison de Bordeaux aussi. Tous les deux vous allez retracer pour nous quelques étapes et quelques évènements importants de l’histoire de Bordeaux. Je souligne que vous avez consacré un livre à l’histoire de Bordeaux qui sera publié dans quelques mois. Merci d’avoir accepté notre invitation. Nous allons aussi souligner musicalement le centenaire de Bordeaux avec un invité spécial. Je vous demande d’applaudir l’auteur-compositeur interprète, Sélim Bichara. Sélim a été durant quelques années professeur de musique ici même à Bordeaux. Plusieurs fois invité de notre émission. Il nous interprètera quelques chansons dont Ceom seré, écrite par le Souverain Carl Ambroise en 1997. Je souligne également la présence parmi nous de Nicodème Camarda. Nicodème a quitté Bordeaux en 1993, il n’est jamais revenu sinon que pour nous lire ses beaux poèmes, on regardera un montage vidéo sur un de tes poèmes sur Bordeaux. Mais tout d’abord, si vous permettez, nous allons ouvrir cette émission spéciale en dévoilant le nom du gagnant d’un concours d’écriture organisé par le Centre de formation de l’Établissement. Comme vous savez, depuis l’ouverture de Bordeaux en 1912, des milliers de détenus ont fait appel à mille et une façons de s’évader. Une des meilleures évasions, ça a toujours été l’écriture. D’ailleurs Sébastien nous parlera plus tard de tous ces livres écrits par des ex-détenus de Bordeaux. Voilà pourquoi il fallait organiser ce concours d’écriture pour permettre aux détenus et ex-détenus de s’exprimer librement sur un évènement qui les concerne particulièrement. Parmi nos invités, il y a Stéphane Leduc, un détenu de Bordeaux qui a fait partie du jury du concours. C’est lui dévoilera le nom du gagnant, mais de lui donner la parole, je la donne à Monsieur Gaetan Vandette, directeur des Services professionnels de l’Établissement de Détention de Montréal.

2- Parole à Gaetan Vandette (Directeur des Services professionnels à L'EDM).

3- Parole à Alexandre Carter-Savignac et Stéphane Leduc pour dévoiler les noms des trois gagnants du concours :

4- Parole au gagnant du 2me prix du concours d'écriture sur le centenaire de Bordeaux, Michel l'Artiste.

5- Bonjour, je m’appelle Ronald, avant de vous faire un petit témoignage personnel, j’ai l’honneur et le privilège de vous présenter un document visuel, c’est peut-être le début d’un grand projet pour les Souverains anonymes. Regardez d’abord, je ferai mon commentaire après.

6- Projection du vidéo « La vie devant soi ».

7- Rebonjour, c’est encore Ronald. Quand l’administration de la prison de Bordeaux fait quelque chose de bon pour la réinsertion des détenus, la moindre des choses est de dire MERCI. J’aimerais donc au nom de tous les Souverains remercier Monsieur François Landreville, nouveau directeur de Bordeaux, pour le soutien qu’il apporte à notre projet « La vie devant soi » ainsi qu’à tous les membres du Conseil d’administration du Fonds des détenus qui, je le rappelle, inclu deux détenus. J’aimerais aussi dire à Monsieur Landreville, qui est au poste de directeur de Bordeaux seulement depuis quelques semaines, si vous continuez à supporter les détenus avec d’aussi beaux projets, vous êtes, Monsieur le directeur sur la bonne voie, bonne chance dans vos nouvelles fonctions. Tout ce que vous pouvez faire de bon pour les détenus finira par jaillir sur tout le monde.

Monsieur François Landreville, Monsieur Gaetan Vandette, chers invités, mes très chers Souverains, comme vous avez remarqué, je fais partie de ce vidéo, de ce projet conçu pour nous par Mohamed. « La vie devant soi » est un projet auquel j’ai accepté de participer et je vais vous dire pourquoi. La dernière fois que j’ai été à la prison de Bordeaux, en tant que détenu, remonte à il y a quinze ans. Aujourd’hui, je suis de retour à Bordeaux pour quelques mois, mais je tiens à dire que mes passages à cet Établissement carcéral m’ont toujours été profondément bénéfiques parce que j’ai toujours choisi de profiter au maximum de tous les programmes et activités qui ont contribué grandement à mon épanouissement. Je n’irais pas jusqu’à dire que je souhaitais me retrouver en prison, mais une fois en dedans, je me dis à chaque fois, je ne suis pas là pour rien. Il n’y a pas de hasard. Il n’est pas vrai que je vais sortir d’ici sans rien apprendre. Pour assumer pleinement mon passage ici, je suis toujours sorti avec des leçons. La dernière fois, c'est-à-dire il y a quinze ans, je suis sorti fier d’avoir participé au projet d’album « Libre à vous » dans lequel j’introduis la chanson « Mal d’avoir fait mal » interprétée par Éric Lapointe. Cette fois, je me suis engagée solennellement et publiquement dans ce vidéo pour dire que désormais à 45 ans, la vie est devant moi. Personnellement, je crois que le préjugé le plus tenace qui mérite d’être effacé à jamais de l’imaginaire collectif est celui qui suppose qu’une personne incarcérée est venue au monde pour être incarcérée et que rien ne peut changer à cela. Or, vous comme nous, nous savons que la prison pour beaucoup d’hommes et de femmes n’a été qu’un lieu de passage. La majorité des détenus, quelques soient leurs sentences, ne sont jamais détenus à vie. La vie les appelle ailleurs, c’est mon cas. Je le répète, la vie est devant moi. MERCI !

8- Rebonjour Chantal Bouchard et Sébastien Bossé, c’est encore Anson. Chantal, vous êtes ce qu’on appelle une professionnelle, psychologue de formation, vous travaillez à Bordeaux en tant que agente de probation. Monsieur Sébastien Bossé, après avoir pratiqué le métier d’agent de service correctionnel, c'est-à-dire un gardien, vous êtes devenu un chef d’unité, un sergent. Si vous êtes avec nous aujourd’hui tous les deux, c’est parce que Mohamed nous a dit beaucoup de bien sur vous. Tous les deux vous vous êtes beaucoup investi pour l’organisation du centenaire de Bordeaux. Bordeaux représente une grande histoire. Si les murs de Bordeaux pouvaient parler, elles nous raconteraient bien des choses. Mais les murs resteront silencieux à jamais. Alors, faute de faire parler les murs, faisons parler l’histoire. Chantal Bouchard et Sébastien Bossé, depuis plus d’un an, vous vous êtes passionnés pour l’histoire de Bordeaux. Vous avez même écrit un livre qui sera publié dans quelques mois. D’abord, j’aimerais vous féliciter pour cette initiative, cela prouve que pour vous Bordeaux, c’est aussi un lieu de vie. Pourquoi avez-vous écrit ce livre et qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette histoire qui a duré un siècle ?

9- Pour le bénéfice de nos auditeurs, nous allons tester vos connaissances historiques et vous poser 10 questions sur l’histoire de Bordeaux pour des petites réponses. C’est le quiz du centenaire:

1- Quel est le nom de l’architecte de Bordeaux ? Joseph-Omer Marchand.
2- On a ouvert les portes de Bordeaux en 1912, mais en quelle année a eu lieu la première pelletée de terre de la nouvelle prison de Montréal? Octobre 1907.
3- Sur quel model la prison a été construite ? la prison de style Pennsylvania inspiré du Eastern State Penitentiary de Philadelphie en 1829.
4- Combien de détenus ont été transférés le 18 novembre 1912 de la prison au Pied du courant à la nouvelle prison ? 100.
5- Quel est le nom du premier directeur de la prison de Bordeaux ? Charles-Amedé Vallée.
6- En quelle date Bordeaux a connu sa première mitunerie ? Mai 1952.
7- En quelle année, fût présenté le premier show rock à Bordeaux et avec quel artiste ? 1972. Avec Michel Conte.
8- En quelle année, les détenus avaient le droit de ne plus porter les habits de détenus et quel directeur avait permis cette liberté ? Les années 70 avec le Gouverneur Desrivières.
9- Si dans 100 ans, la prison de Bordeaux devait changer de vocation, elle se transformerait en quoi : Un hôpital, un hôtel, une école, un bloc de condos ou un musée.. ?
10- Bordeaux est reconnu comme un édifice patrimonial. À votre avis qu’est-ce qu’il ne faut jamais détruire de Bordeaux peu importe ce qui lui arrive..?

10- Bonjour Sébastien et Chantal. Je m’appelle John. Comme vous savez, beaucoup de livres ont été écrit sur Bordeaux ou à partir de Bordeaux. Toute une littérature carcérale s’est construite derrière les barreaux de Bordeaux. Dans vos recherches, vous avez découvert tous ces livres. Si vous aviez à nous recommander un seul livre à lire, ça serait lequel et pourquoi ?

11- Resalut, c’est encore Michel. Comme a dit mon ami précédemment, derrière ces murs ce sont des milliers d’hommes qui sont passés par cette prison. Parmi ces hommes plusieurs ont disparu ici même. Entre le 13 décembre 1912 et le 16 mars 1960, 85 personnes ont été condamnées à la potence dont trois femmes. Le premier s’appelait Antonio Ferduto et le dernier C. Côté. Aujourd’hui, la potence est un morceau de musée. Elle est toujours là comme témoin d’une autre époque. Elle est aussi le témoin d’une évolution. Désormais la peine capitale est un crime contre un autre crime. Je rappelle que c’est grâce aux libéraux de Pierre-Eliot Trudeau et Jean Crétien que la peine de mort a été officiellement abolie en 1975. Je rappelle également que dans cette prison, plusieurs sont morts par mort naturelle, certains par overdose et plusieurs par le suicide. Je souligne cet aspect de la prison de Bordeaux parce qu’il fait partie de sa mémoire, de son histoire. Heureusement que l’histoire de Bordeaux ne peut être réduite à cela. Il y a eu aussi beaucoup d’hommes qui ont appris ce qu’ils avaient à apprendre pour ne plus jamais y retourner. Moi par exemple. La prochaine fois que vous me verrez, ça sera dehors. Mais pour revenir à la potence, si vous aviez une seule anecdote à raconter sur cette part sombre de l’histoire de Bordeaux.. ?

12- Bonjour, c’est encore Guillaume, j’aimerais rendre un hommage particulier à un grand ami des Souverains. Il nous a quitté il y a deux ans. C’est un artiste, un grand connaisseur de l’histoire de Montréal. En 1992, il a fait cadeau aux Souverains en construisant de ses propres mains des cartes de plastiques dans lesquels on pouvait retrouver des coupures de journaux sur Souverains anonymes. Ce sont des petits objets d’art. Il s’appelle Philippe Côté. J’espère qu’un jour une rue de Montréal portera son nom. Parce qu’il a aimé Montréal comme personne. Il l’a aimé avec tout ce qu’elle contient, y compris sa grande prison et ses Souverains. Philippe, si tu nous regardes de là haut, tu transmettras nos salutations à tous les Souverains rendus auprès de toi. Salut l’ami.

Regardez les cartes de Philippe

13- Salut, c’est encore Guillaume. J’aime bien voir Bordeaux, mais seulement dans les films. Beaucoup de tournages ont eu lieu à Bordeaux. Sébastien, vous avez répertorié quelques dizaines de films tournés dans le décor de Bordeaux. Nous en avons regardé les extraits de quatre films que vous avez eu la gentillesse de nous prêter : « Un zoo la nuit », tourné au parloir et à la Tour centrale. « Requieum pour un beau sans cœur » tourné au couloir du secteur F et au parloir. « L’affaire Coffin », tourné au couloir de la mort et à la potence. Et Roméo et Juliette, tourné au Sous-sol du B. À propos du sous-sol du B, j’ai passé dernièrement plus de deux mois avec une soixantaine d’autres détenus. Je n’ai croisé aucune Juliette durant mon passage au sous-sol du secteur. J’ai bien regardé dans chaque cellule, chaque coin du secteur. Aucune trace de Juliette. Faute de la croiser en personne, j’ai dû l’imaginer. Le soir, sur l’écran noir de ma nuit blanche, je me faisais du cinéma. Je voyais Juliette auprès de moi. Je ne vous raconterais pas les détails de ce qu’elle me disait, de ce que je lui disais.. Aucun film tourné à Bordeaux ne peut-être aussi romantique, aussi sensuelle que celui que des milliers d’hommes se font dans leurs cellules. Le seul cinéma qui compte à Bordeaux est celui que chaque détenu se fait lui-même pour recréer le monde, pour rêver son avenir et sa liberté. Ces films là, personne au monde ne peut les enfermer. Personne ne peut les censurer. De toute façon, le cinéma n’a pas toujours été fidele à la réalité carcérale. On s’est servi de Bordeaux comme décor, mais moi je ne suis pas un décor. Je suis un homme. Aucun film tourné à Bordeaux ne peut être meilleur que celui que je projette sur l’écran noir de ma nuit blanche. MERCI !

14- Bonjour, je m’appelle Guillaume, je tiens à vous dire ceci: Si nous tenons à faire partie du centenaire de Bordeaux, si nous tenons à participer à cet évènement, c’est parce que d’abord et avant tout sans les détenus, cette prison n’existerait pas. Donc, en tant que Souverains, nous tenons à rendre hommage à la mémoire de ces milliers d’hommes qui sont passés par Bordeaux entre 1912 et 2012. J’aimerais également rendre hommage à tous ceux et celles qui ont travaillé honnêtement dans le cadre de cette institution pour avoir aidé ces hommes à s’en sortir. À ne plus y revenir. Je pense en particulier à tous ces professeurs, à ces éducateurs, à certains psychologues, à certains criminologues. Je pense au Centre de formation avec ces cours de français, de mathématique, d’alphabétisation, ces ateliers de croissance personnelle. Je pense au professeur de Musique, Charles qui entame sa trentième année. Au professeur de poterie et d’art plastique, Danielle Parent qui entame sa 29me année à Bordeaux. Je pense au Fonds des détenus, qui existe depuis 30 ans et qui a permis à des milliers de détenus de travailler et de quitter Bordeaux avec une expérience de travail et un peu d’argent. Je pense à tous ces aumôniers, qui durant un siècle, ont su raviver la foi de milliers de détenus pour que l’espoir l’emporte sur le désespoir. Je pense en particulier au Père Jean qui a donné 38 ans de sa vie pour le réconfort spirituel des détenus quelque soient leurs origines et leurs religions. Permettez-moi aussi de ne pas oublier notre programme Souverains anonymes qui existe depuis 23 ans. Une pensée chaleureuse à cette femme qui a ouvert la porte à la radio en prison, Madame Nicole Quesnel. À tous ceux et celles qui travaillent à Bordeaux et qui ont grandement contribué au succès de Souverains anonymes (les invités de Souverains anonymes qui se comptent par centaines), je pense en particulier à Steve Roy, le complice et fidèle collaborateur de Mohamed. Et finalement, au risque de vous étonner, je ne voudrais pas oublier les gardiens. Parmi les gardiens et les gardiennes de Bordeaux, depuis un siècle, plusieurs ont su faire leur travail honnêtement, durement, mais sans jamais perdre leur humanité, sans jamais nous prendre pour des animaux. À ceux-là en particulier j’aimerais dire MERCI de n’avoir jamais oublié qu’un détenu est un humain, qu’un détenu n’est que de passage en prison. Et en dernier j’aimerais rendre hommage à moi-même, parce que je vous annonce, Madame, Monsieur, que c’est la dernière fois que je mets les pieds à Bordeaux. Je la quitte en laissant un message à tous ceux et celles qui se sentent concernés, de près ou de loin, par cette prison. Bordeaux ne peut-être utile en tant qu’institution carcérale que si elle permet aux personnes incarcérées de ne plus y revenir. Maintenant que cette mise-au-point est faîte je redonne la parole à mon ami Michel.

15- Bonjour Chantal, Sébastien, Sélim Et Nicodème. Je m’appelle Michel. On m’appelle l’artiste. Depuis le retour de Souverains anonymes en août dernier, Mohamed m’a mis au travail pour créer des objets d’art pour souligner le centenaire de Bordeaux. Mes amis Souverains trouvent que je suis un cas particulier. Je vous laisse juger par ces guitares que j’ai fabriquées de mes propres mains avec du matériel de récupérations. Des dessins, j’en fais beaucoup pour mes amis. Mais j’aimerais à l’occasion du centenaire rendre hommage aux milliers d’artistes passés par Bordeaux. Des grands œuvres ont été construites dans les cellules de Bordeaux et aux différents ateliers de poterie et de dessins. Regardez ces masques. Je souligne le travail extraordinaire du professeure Danielle Parent, depuis 29 ans. Dans le passé, on exposait les œuvres des détenus en ville. J’espère qu’un jour on reviendra à cette tradition pour témoigner de toute cette lumière que des hommes laissent jaillir du fond de leur cellules. Chantal, Sébastien, Sélim et Nicodème, j’espère vous croiser dehors lors d’une exposition spéciale pour mes œuvres. Merci d’être avec nous.

16- Avant de passer à la musique, revenons un peu à la poésie. Parmi nos invités d’honneur, un grand poète est avec nous. Avant de regarder le montage que Mohamed a préparé sur son poème, je l’invite à venir prendre la parole. Applaudissez SVP Nicodème Camarda :

17- (Vidéo : Fenêtres de Bord).

"Bordeaux 1912-2012"

Cent ans, on a eu le temps.
On a appris depuis;
à faire corps avec nos ailes.

À remettre au monde,
des ombres et des enfants
on a grandi avec le temps.

Cent ans, ce n’est pas rien;
les murailles en sont témoins,
et nos entrailles...

Elles ont eu le temps
de comprendre
les quatre vingt cinq pendaisons
Bordeaux 1912-2012
ce n’est pas une épitaphe
ce n'est qu'un autre paragraphe

Aujourd’hui, on s’entend;
les portes s’ouvrent
De toutes leur fibre.
Dans l’équilibre
Je signe mon autographe,
En homme libre

Nicodème Camarda

18- (Ronald) Pour souligner le centenaire de Bordeaux, nous avons fait appel à un grand artiste. Auteur-compositeur-interprète, Sélim Bichara. Il est accompagné de Kattam aux percussions. Sa chanson Ceom seré fait partie de notre album « Libre à vous » produit en 1997. Cette chanson a été écrite par le Souverain Carl Ambroise. Carl a été déporté en Haïti, mais Grâce à Sélim, les paroles de cet homme sont restées gravées dans nos mémoires et celles de milliers d’auditeurs. Sélim, Kattam, à vous de jouer et à nous de vous applaudir.

19- Pour le mot de la fin, je dirais que l’histoire de la prison de Bordeaux est intimement liée à l’histoire de la société. Bordeaux appartient à tous les citoyens. J’espère qu’à l’occasion du centenaire de Bordeaux, les citoyens vont s’intéresser à cette institution qui fait partie de leur vie, de leur histoire, de leur mémoire. Je ne sais pas qui a dit que le degré d’évolution d’une société est déterminé par la qualité de sa justice et la qualité de ses prisons. Depuis 30 ans, Bordeaux a beaucoup évolué.. Mais comme on dit, il y aura toujours de la place à l’amélioration. C’est un choix de société. Chantal Bouchard, Sébastien Bossé, merci de nous avoir éclairé sur l’histoire de Bordeaux. Sélim Bichara Merci de nous avoir émerveillé par ta voix et ta musique, tu récidiveras encore j’espère. Nicodème Camarda, continue d’illuminer le monde par ta souveraine poésie. Un merci particulier à Kattam, notre directeur musical, qui depuis dix ans, nous accompagne par ses percussions et ses rythmes africains. Merci à Monsieur François Landreville, Directeur de l’Établissement de Détention de Montréal d’avoir présenté notre projet « La vie devant soi ». Merci à Monsieur Gaetan Vandette, directeur des Services professionnels d’avoir dévoilé le gagnant du concours d’écriture. Merci pour la présence de Monsieur Vice Parenté, directeur des opérations à Bordeaux. À vous tous chers invités, à l’occasion du centième anniversaire de la prison de Bordeaux, je vous déclare Souverains anonymes.

ML/2012

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