« Le Maroc ouvert sur le Québec»
Auteurs-compositeurs-interprètes
4 Mars 2010
Auteurs-compositeurs-interprètes
4 Mars 2010
Auteurs-compositeurs-interprètes
4 Mars 2010
Je quitte ma cellule
Je traverse les couloirs
Je salue mes amis
Je leur dis " à plus tard "
Je n' quitte pas Bordeaux
du moins pas encore
je m’évade dans les mots
et la musique des noirs
Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question
Des questions que je me pose
en vers et en proses
Je te salue Maroc
Et je te plaide notre cause
Hassan El Hadi et Sabah Lachgar
Bienvenue parmi les Souverains anonymes
1- Bonjour Hassan, Bonjour Sabah. Je suis Ben. J’ai été très heureux quand Mohamed m’a annoncé votre visite. J’ai écouté à la radio votre chanson la Pitonne de votre dernier album Maroc’N Reel. Je te dis déjà Hassan que tu as réussi un beau mélange musical entre deux chansons séparées par le temps et l’espace. Nous avons écouté l’album et nous avons bien noté cette volonté de métissage culturel que tu cherches à développer dans ta musique. On en parlera plus tard. Pour l’instant faisons mieux connaissance, comme vous je suis d’origine marocaine. Mes racines se trouvent au sud, pas loin d’Agadir. Je me qualifie de g’naoui dans ma parole, dans ma musique et dans ma vie. Comme vous savez un g’naoui, c’est un genre d’exilé qui prouve toujours de la nostalgie envers ses racines. Des racines dont je suis fier. Des racines que je partage avec mes amis Souverains. Je vous ferais plus tard une démonstration. Maintenant que vous me connaissez un peu, j’aimerais moi et mes camardes vous connaître mieux. Hassan et Sabah parlez-nous un peu de vous et de votre parcours de Marrakech à Montréal.. ?
Avant de passer la parole à Charles, j’aimerais souligner la présence de Kattam parmi nous. C’est notre musicien percussionniste national. Il est à la fois québécois et marocain. Nord-américain et africain. Martien et terrien. Il fait partie de ce que le Québec et le Maroc ont fait de plus beau. C’est notre invité le plus récidiviste à Souverains anonymes. Je ne compte plus combien de fois j’ai joué avec lui. En attendant de l’entendre jouer avec nous et pour nous je vous invite de l’applaudir comme il se doit : Kattam Tam.
2- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Charles. Avec moi c’est Haïti qui dit bonjour au Maroc. Mais au moment ou on se parle, ne nous sommes ni au Maroc, ni en Haïti. Nous sommes à Montréal, plus précisément au château de Bordeaux. Nous y sommes parce que le destin l’a voulu. Le destin a voulu que j’apprenne à mieux connaître le Maroc en passant par Bordeaux. Alors Hassan et Sabah, si vous deviez nous faire un petit portrait de votre pays qu’est-ce que vous diriez.. ?
3- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Woodley. Comme Charles, moi aussi je suis originaire d’Haïti. Je n’ai jamais été au Maroc, mais à Montréal on retrouve le Maroc un peu partout. Dans les restaurants, dans certains commerces d’artisanats. Mais là où j’ai été le plus proche du Maroc c’est vraiment ici à Bordeaux. Quand Ben chante, j’ai envie de prendre l’avion pour aller explorer ce pays et son histoire. Mohamed nous a souvent parlé de Jamaa Al f’na à Marrakech que j’aimerais découvrir. J’aimerais voir de près les charmeurs de serpents. Les conteurs, de cette place qui nous plonge paraît-il dans les contes des milles et une nuit. Mais Hassan, toi qui a vécu à Marrakech, donc proche de Jamaa El F’na, comment tu as pu laisser un endroit aussi magique, aussi féérique.. ?
4- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Philippe. Votre chanson la Pitonne a spécialement attiré notre attention. Pour le mélange musical. Mais aussi pour son message qui nous apprend que quelque soit la culture, une pitoune c’est une pitoune. Une femme sexy. Une femme charmante et charmeuse. Une femme dont le corps et les regards font rêver tous les hommes. Bientôt, je vais retrouver cette femme. C’est ma femme et aucune autre. Je profite de cette émission pour lui dire salut ma beauté, salut mon bébé. Salut ma pitoune. Alors ma question : Pourquoi avez-vous choisi une chanson de la Bolduc pour la mélanger avec une vieille chanson tunisienne…?
5- ReBonjour Hassan et Sabah, c’est encore Charles. D’après nos recherches, nous savons que toi Hassan, tu es en train de rédiger un travail universitaire sur la diversité culturel et particulièrement sur la place de l’artiste immigrant au Québec. La symphonie du nouveau monde organisé par le musicien Luc Boivin a donné la visibilité à certains artistes immigrants comme toi, mais il demeure que l’artiste immigrant n’a pas toujours la place qu’il mérite sur la scène culturelle québécoise. Alors, à ton avis, à part mélanger une chanson québécoise avec une chanson maghrébine, que doit-il faire l’artiste immigrant pour mieux prendre sa place.. ?
6- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Hatym. Comme vous je suis marocain, mais je n’ai pas été au Maroc depuis l’âge de 2 ans. C'est-à-dire depuis 18 ans. Toute ma vie, j’ai rêvé de ce pays, rêvé de marcher au bord de la mer. Courir sur le sable chaud. Mettre mes pieds dans l’eau salée de l’Atlantique. Je voudrais voir mes cousins, mes cousines. Je voudrais assister à un mariage marocain et m’engouffrer de tagine et de pastilla. Boire du thé à la menthe et danser jusqu’aux petites heures du matin. Je voudrais retrouver cette joie de vivre propre aux marocains et surtout aux marocaines. Je voudrais croiser une fille de mon âge dans la vieille médina et lui faire un sourire gentil. Mais par-dessus tout, ce que j’aimerais le plus, c’est retrouver mon père que je n’ai pas vu depuis des années. D’ailleurs, si je suis à Bordeaux, c’est peut-être à cause de son absence. Une absence que j’ai peut-être mal vécue. Je n’en sais rien. Chose certaine c’est que moi, je ne serai pas absent à mon fils. Mes enfants ne souffriront pas d’être séparés de leur père et du pays d’origine de leur père. Marocain un jour, marocain toujours. Et vous, je ne sais pas si vous avez des enfants. Quelles sont les valeurs que vous aimeriez leur transmettre que vous avez gardé de votre culture marocaine.. ??
7- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Denis, comme vous je suis musulman, mais je ne suis pas marocain. Je suis albanais. Quand je suis arrivé à l’âge de 13 ans au Canada, j’étais un bon garçon, bien élevé. 10 ans plus tard, il paraît que je ne suis plus un bon garçon, donc on veut me retourner dans mon pays. C’est un bizarre de pays le Canada. Mais ce n’est pas grave. En me retournant chez-moi, les autorités canadiennes me rendent un grand service. Je vais retrouver mon pays. Je vais retrouver les traditions de mon pays, la nature de mon pays et certainement une femme qui m’attend. Je vais redevenir un bon garçon. Un bon citoyen. Ce n’est pas moi qui perd le Canada, c’est le Canada qui me perd. Tant pis pour le Canada. Une fois dans mon pays, je vais garder un bon souvenir de votre passage parmi nous. Qui sait, j’irais peut-être un jour chez-vous au Maroc. Peut-être que je vous croiserais à Jamaa El F’na. Ou alors, c’est vous qui viendrez en Albanie. Merci de m’avoir écouté.
8- Rebonjour Hassan et Sabah, c’est encore Ben, avec tout ce que nous entendons sur les immigrants de ces temps-ci, et surtout les immigrants arabes, j’ai envie de vous lire une réflexion sur moi, parce que je demeure profondément arabe. Un arabe G’naoui, un arabe berbère et pour l’instant, un arabe du Québec. ‘’………………………………’’
9- Hier j’ai reçu un beau cadeau d’une femme poète qui a été notre invitée. Elle s’appelle Sofia BenYahia. À sa dernier passage j’avais chanté une chanson inspirée du chant G’naoui. Alors le cadeau qu’elle m’a envoyé c’est un livre qui s’appelle les G’naoui du Maroc. Écrit par Abdelhafid Chlyeh. Je t’en parle Hassan, parce que je sais que tu joue aussi le Hajhouj. Étant marrakchi, tu ne peux pas échapper à l’influence des g’anoui. Et maintenant de passage à Bordeaux, tu n’y échapperas non plus. Alors en guise de remerciements à Sofia Benyahia je lui dédie cette chanson à elle et à vous aussi Hassan et Sabah.
10- Rebonjour Hassan et Sabah, c’est encore Woodley. Moi aussi, j’aimerais vous lire une réflexion inspirée par cette rencontre. La voici :
11- Bonjour Hassan et Sabah, je m’appelle Ségur. En tant que Souverain, vous pouvez m’appeler le Conte de Ségur. Si vous permettez, j’aimerais imaginer le Maroc et Haïti dans un mélange culturel qui passe par la musique, par la cuisine et par l’amour. Imaginer une chanson marocaine et une autre haïtienne mélangées en une seule chanson. Imaginez une recette de tagine mélangée avec une recette de griot haïtienne pour donner une recette unique qu’on appellerait Tagine-Griot. Mais surtout essayer d’imaginer un enfant qui est le fruit d’un mariage entre un haïtien et une marocaine. Cela existe. Il y à Montréal des enfants qui connaissent bien les plages du Maroc et les plages d’Haïti. Pour se reposer de la neige québécoise, ils ont le choix entre le soleil du Maroc et le soleil d’Haïti. Alors Hassan ma question est simple. Après Maroc’N Reel, pour quand un album que tu appellerais Maroc’N Rara.. ?
12- Bonjour Hassan et Sabah, c’est encore Ben. La chanson qui t’a fait connaître au Québec s’appelle La Pitoune. Mais ton répertoire contient d’autres chansons que j’aime personnellement comme par exemple Avant de te chanter ma chanson. Chante-nous les tiennes. À toi de jouer et à nous de t’applaudir.
13- Hassan El Hadi, Sabah Lachgar, avec vous aujourd’hui, c’est le Maroc qui a été à l’honneur. Le Maroc des G’naoui, le Maroc des berbères, le Maroc de Jamma El F’na.. Le Maroc ouvert sur le monde. Le Maroc ouvert sur le Québec. C’est ce Maroc là que vous représentez et c’est celui-là que j’aime. Merci à Kattam de vous avoir accompagner de ses percussions. Je vous souhaite le succès, le bonheur et au nom de tous mes camarades, je vous déclare Hassan et Sabah, Souverains anonymes.