23 févr. 2016 | Vidéos, Créations, Journal de bonnes nouvelles, 2016 à 2020

Journal de Bonnes nouvelles (Édition 1)

On n’attend pas après les bonnes nouvelles, on les fait!

Édition 1

Chez les Souverains, on n’attend pas après les bonnes nouvelles, on les fait!

Le Journal de bonnes nouvelles vous annonce la libération de la Palestine, l’élection d’un président paysan en Haïti et la nomination d’un noir comme Président de Radio Canada.

Il annonce les projets et les rêves que les Souverains projettent de réaliser ou aimeraient voir réalisés.

Voici la première édition du Journal des bonnes nouvelles, avec la brillante et précieuse collaboration de l’actrice Schelby Jean-Baptiste!

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Idée du projet!

Si aujourd’hui, beaucoup considèrent que la prison fait partie d’une industrie de la punition, elle n’a jamais cessé pour autant, d’être une fabrique de création.

À chaque instant du jour ou de la nuit, il y a un détenu, quelque part dans une prison, qui réinvente sa vie. Il recrée un temps et un espace qui le libère de son passé et son présent. Rien n’est plus important pour un détenu que l’avenir.

Quelque soit la durée de sa sentence, il rêve d’un avenir meilleur. Il le projette, il l’envisage et très souvent, il lui donne forme, en poésie, en musique, en dessin, en poterie, en toute sortes de créations.

Sur l’écran noir de sa nuit blanche, un homme en dedans, regarde devant. Il fait sa bonne nouvelle!

Souverains anonymes existe depuis 26 ans. Après avoir été un programme radiophonique pendant 23 ans, depuis trois ans, avec le projet « La vie devant soi », Souverains anonymes explore le médium cinématographique. Quelques 80 productions ont été réalisées depuis janvier 2013.

Des capsules, des rencontres et des créations de toutes sortes ont été réalisées avec la participation des Souverains et leurs différents invités, des artistes en particuliers.

À partir de l’hiver 2016, j’envisage réaliser des courts-métrages avec la formule d’un télé-journal sur le thème de la vie après la prison.

L’objectif de ce projet est d’inviter les Souverains à créer eux-mêmes des petits scénarios avec des situations qui correspondent à leurs rêves, leurs ambitions, leurs espoirs. Des situations qui les mettent devant leur responsabilité de citoyens capables de se reprendre en main.

Mon défi est de donner une forme cinématographique à ces rêves, ces ambitions, ces espoirs.

Journal des bonnes nouvelles correspond au principe d’ouverture des personnes incarcérées à la communauté des Services Correctionnels du Québec. Le médium cinématographique peut donner une forme nouvelle à cette ouverture.

Résumé de mon discours au 25me de SA. 12 décembre 2014

Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de me dire aujourd’hui que nous sommes peut-être quelque chose comme une bonne nouvelle..

J’ai un faible pour les bonnes nouvelles.

J’ai toujours rêvé d’un Journal qui ne rapporte que des bonnes nouvelles!

En attendant que cela se réalise un jour et je suis sûr que cela ne se réalisera jamais, en tout cas, pas de mon vivant, aujourd’hui, le temps de ce petit évènement, si vous permettez, on va se raconter que des bonnes nouvelles.

La première bonne nouvelle que je vous rapporte, je l’ai vécu il y a 25 ans.

Un jour de printemps 1989, j’ai quitté la prison de Bordeaux avec une bonne nouvelle et j’avais hâte de la raconter à ma femme. Après une réunion de presque une heure, on m’avait annoncé une décision.

À l’unanimité, le Conseil d’administration du Fonds de soutien à la réinsertion sociale des personnes incarcérées de l’Établissement de Détention de Montréal, avait décidé en ma présence que oui, je pouvais faire de la radio en prison..

Pour moi, c’était une très bonne nouvelle. Je venais de réaliser un rêve. Un rêve né quelques années plutôt alors que je quittais le troisième sous-sol d’un commissariat dans ma ville marocaine, ou j’avais passé 36 heures à essayer d’amuser mes co-détenus..

On ne savait ce qu’on faisait là.. Arrestation arbitraire dans un pays ou le régime de l’époque usait d’un pouvoir arbitraire. C’était les années de plomb.

Je crois que pour un moment, un petit moment, mes amis du troisième sous-sol avaient oublié où ils étaient. Spontanément, en compagnie de mon cousin, nous leur avions offert, le peu de théâtre et de danse que nous pouvions. Et parce que je désirais revivre l’aventure, ce passage en dedans m’a inspiré une idée. Un rêve.. S’évader par l’art et la culture..

Des années plus tard, à 5000 km de ce troisième sous-sol, le rêve était devenu une réalité.. Une bonne nouvelle..

Aujourd’hui, la personne qui a dit oui à ce projet est avec nous.

Monsieur Arthur Fauteux, était à l’époque l’administrateur de l’Établissement de Détention de Montréal et le président du Conseil d’administration du Fonds des détenus. Non seulement, il a dit oui à la radio en prison, il a lui-même participé à plusieurs émissions et à chaque fois, cela a eu un impact positif sur certaines décisions de vie..

C’était en 1992. Parmi les Souverains présents à cette première rencontre radiophonique entre des détenus et un directeur de prison, il y avait Isabelle la Catholique. Un détenu qui préférait s’identifier à une Souveraine espagnole.

La Catholique tenait absolument à aborder la question de la bouffe.. « Je l’exige Mohamed« qu’elle me disait. Mais bien sûr qu’on va en parler, mais dis-moi d’abord, tu connais Arthur Fauteux, « Oui, je l’ai vu deux ou trois fois » et comment tu le trouves..? « Je le trouve beau ». Alors tu lui diras..!

Arthur Fauteux s’attendait à toutes les questions sauf à celle-la.. « Monsieur Fauteux, qu’est-ce que tu manges pour être aussi beau..? » Il a fini par reconnaître que lui-même parfois ne finit pas son assiette. Mais cette visite a apporté aux détenus de Bordeaux un changement aussi important. Tel que demandé par les Souverains, deux semaines après la visite du directeur, le médecin de l’Établissement a été changé par un meilleur.

Fauteux a récidivé chez les Souverains deux autres fois.. Et chaque visite apportait aux détenus une petite amélioration dans leurs conditions de vie..

Monsieur Fauteux, au nom de quelques 20 000 détenus qui ont profité de ce programme, je te dis merci d’avoir laissé entrer à Bordeaux autant de bonnes nouvelles. Depuis 25 ans, chaque invité de Souverains anonymes est une bonne nouvelle.

La dernière bonne nouvelle reçue la semaine dernière s’appelle Normand Baillargeon.. Ce n’est pas un chanteur ni un acteur.. C’est un grand éducateur, un grand professeur.. Le professeur que beaucoup de Souverains auraient aimé avoir.

À Bordeaux, il y a beaucoup de professeurs. Deux sont présents parmi nous aujourd’hui. Je tenais beaucoup à leur présence. Ils sont pour moi deux rayons de soleil dans cet univers carcéral.

Depuis 31 ans, Danielle Parent met au service de l’épanouissement des hommes de passage, son savoir faire en art plastique et en poterie..

Depuis 33 ans, Charles Overy, professeur de musique à l’université de Montréal, a mis son savoir pédagogique au service des milliers d’hommes qui venaient et viennent encore apprendre et perfectionner leur musique.

Tant de bonnes nouvelles à vous dire et à vous annoncer. Des nouvelles que j’ai apprises de ces milliers de Souverains, à travers leurs chants, leurs, colères, leurs espoirs et leurs rires!

En 2008 et 2009, j’ai rendu visite aux femmes-détenues de la prison Oukacha à Casablanca. La première fois, j’ai été accompagné par une star marocaine, la magnifique Saïda Fikri. Je devais passer par un organisme communautaire marocain pour qu’on m’ouvre la porte. Un organisme présidé par nul autre que le Roi Mohammed VI. L’Histoire s’est répétée, mais cette fois, dans le sens d’une bonne nouvelle.

Une bonne nouvelle ne veut pas dire seulement que tout va bien, mais que tout pourrait aller mieux.

Merci


Journal des bonnes nouvelles (Extrait) 21 mars 2016

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