15 févr. 2006 | Vidéos, Débats de Souverains, Audios, Rencontres, 2006 à 2010

Michaëlle Jean I

"Quel est celui qui te jettera la première pierre ? Celui-là ferait mieux de se taire" Georges

Michaëlle Jean - Gouverneure Générale du Canada 1

Première visite

15 Février 2006

Michaëlle Jean - Gouverneure Générale du Canada 2

Première visite

15 Février 2006

Nicodème Camarda raconte son local Souverain.

Mercredi 15 février 2006

(Stan le Gitan et Fritz le rappeur chantent la bienvenue à Michaëlle)

Je quitte ma cellule
Je traverse les couloirs
Je salue mes amis
Je leur dis " à plus tard "

Je n' quitte pas Bordeaux
ce n’est pas un drame
je m’évade dans les mots

et les yeux d’une femme

Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question

Des questions que je me pose
en vers et en proses

Je vous salue femme belle et brave
Et je vous plaide notre cause

Michaëlle Jean
Bienvenue parmi

les Souverains anonymes

1- Michaëlle Jean, le vous que moi et mes camarades Souverains nous allons utiliser aujourd’hui pour s’adresser à Vous, c’est notre marque de respect, non seulement pour la fonction que vous occupez, mais aussi pour tout le symbole que cela représente dans l’histoire de cette institution. Vous êtes Madame Michaëlle Jean, la 27 me Gouverneure Générale du Canada, mais vous êtes surtout la première femme noire à occuper ce poste. Nous sommes très nombreux à respecter cela. Parce que nous savons ce que cela veut dire.

Alors Michaëlle, je ne vous cacherais pas ma joie de vous revoir ici à Souverains anonymes. Pour la deuxième fois, vous avez traversé les portes de la prison de Bordeaux pour rendre visite aux Souverains anonymes.

Pour ceux qui écoutent pour la première fois notre émission, je tiens à leur dire que Souverains anonymes n’est ni une secte ni un groupe politique. Nous sommes simplement des hommes de passage en prison. Des hommes qui essayent de rester Souverains de leur dignité à fin de mieux recommencer leur vie. Ce programme unique au Québec et au Canada existe depuis 16 ans déjà. Notre programme est diffusé dans plusieurs radios. Je profite de la présence de Madame Johanne Vallée, Sous Ministre associée de la Sécurité Publique et de Monsieur André Fontaine, Directeur de Bordeaux pour leur dire :

Franchement, le Québec peut être fier d’offrir aux personnes incarcérées un moyen aussi simple qu’audacieux pour sortir la parole des murs. Vous avez été journaliste Michaëlle, vous savez que dans les médias on parle beaucoup de la prison, mais on n’entend pas beaucoup les prisonniers. J’aimerais mentionner qu’en 1997, en tant que journaliste vous aviez déjà consacré une heure de télévision à notre premier album de chansons ‘’Libre à vous’’.

Donner la parole à des hommes en dedans, c’est aussi une façon de les responsabiliser.

Comme vous avez déjà observé lors de votre première visite en 2002, la parole des Souverains, c’est une parole responsable. Je pourrais vous parler longtemps de ce que Souverains anonymes m’a apporté.

Je citerais simplement une phrase de votre tout premier discours après l’annonce de votre nomination qui résume ma pensée. Vous aviez insisté sur la nécessaire humanisation de l’humanité. Je lis aussi dans cette phrase la nécessaire humanisation des centres de Détention. Aujourd’hui Michaëlle Jean, par votre visite, vous donnez un bel exemple de la nécessaire humanisation de l’humanité, toujours à construire. Écouter la parole des Souverains anonymes, c’est écouter son cœur. Mais avant d’entendre notre parole, dites-nous d’abord Michaëlle, comment allez-vous Madame la Gouverneure Générale ???

2- Bonjour Michaëlle, je m’appelle Frankie. Votre fille s’appelle Marie-Eden, ma fille s’appelleUnika Perla. Elle est d’une mère argentine, latine. Imagine le caractère. Un piment très fort. Automne, elle porte en elle déjà les signes d’une gouverneure de quelque chose. Unika Perla a 10 ans et Marie-Eden a 6 ans et ¾. Votre fille sait que vous êtes au Québec pour une visite officielle, vous allez peut-être lui raconter votre passage en prison. Ma fille à moi pense que je suis au USA pour travailler en construction. Je lui parle à tous les jours. J’aurais aimé lui dire la vérité. Mais sa grand-mère me l’a strictement interdit. Pour ma mère comme pour beaucoup d’haïtiens, aller en prison ça représente la fin du monde. Je ne souhaite à personne d’aller en prison, mais ce n’est pas la fin du monde. Pour plusieurs détenus la prison s’est avérée un bien, pour ne pas dire un mal nécessaire. Une aventure, une expérience douloureuse, mais parfois elle peut être constructive. Ce n’est pas uniquement grâce aux programmes que des hommes ne reviennent plus en dedans. Parfois c’est parce qu’ils ne peuvent plus être éloignés de leur fille. Oui, il y’a des programmes, mais il peut y en avoir beaucoup plus. La prison au Québec n’est pas la pire au monde, elle est même parait-il meilleure que dans le reste du Canada, mais il y’a toujours beaucoup de place à l’amélioration. Le message que je reçois de votre passage aujourd’hui. Tant qu’il y’a de la vie il y’a de l’espoir. Mon espoir à moi c’est ma fille Unika Perla. Votre espoir à vous c’est Marie-Eden. Embrasse-la de ma part.

3- (Georges William chante).

Michaëlle,


C'est un nom qu'on dirait inventé pour elle
Quand elle parle, j'entends l'amour d'une mère, tel
Un coeur qui se déploie pour s'envoler
Le coeur est un oiseau… et il est ici.

J'ouvre mon coeur aujourd'hui à Michaëlle
la beauté du monde s’est incarnée en elle
Quel est celui qui te jettera la première pierre ?
Celui-là fera mieux de se taire

Ô mon Dieu !
Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois
Chanter, danser devant la belle.

Ô mon Dieu !
Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois
Chanter et vivre devant la belle et brave Michaëlle.

Michaëlle,

Heureux celui qui s’appelle Jean-Daniel.

4- Bonjour Michaëlle. Je m’appelle Fritz. J’ai 23 ans, Je vous dis tout d’abord : J’assume complètement la dette que je dois à la société. Je ne veux pas pleurer sur mon sort. J’aimerais vous parler un peu de qui je suis comme je le suis. Je suis quelqu’un de très révolté parce que je suis profondément conscient qu’avant de faire mal, on m’a d’abord fait mal. J’aime la vie mais elle n’a pas été toujours juste avec moi. Je suis quelqu’un de brillant, discipliné, excellent sportif, y’a pas un sport que je n’ai pas pratiqué, mon rêve était de devenir un champion de Football. Je pratique aussi le hockey, le tennis, le baseball, mais je ne suis pas devenu un champion parce que quelque chose a manqué à mon éducation. L’encadrement. Je sais très bien maintenant c’est quoi le bien et c’est quoi le mal. Mais à un certain âge l’encadrement de mon père aurait pu me rendre service pour éviter la délinquance. L’absence d’encadrement c’est la pire chose qui peut arriver à un jeune. Tous les jeunes sans encadrement de leur père ne deviennent pas tous nécessairement délinquants, mais ils n’en souffrent pas moins. Mais je ne passerais pas ma vie à en vouloir à mon père. J’aimerais vous parler du père que j’aimerais devenir un jour. Je sais simplement que pour être un bon père, je dois faire le contraire de ce que mon père a fait avec moi. C’est aussi simple que ça. Mais avant de faire des enfants, je vais commencer d’abord par compléter mes études. À ma sortie de Bordeaux, je vais m’inscrire à l’école pour finir mon secondaire 5, je suis content de me faire cette promesse devant vous Michaëlle. Haïtienne comme moi, noire comme moi, québécoise et canadienne comme moi et je suis sûre, aussi bonne sportive que moi. Il faut être un peu sportif pour réussir sa vie. Vous êtes la Gouverneure Générale du Canada, je suis le Gouverneur Général de ma vie. Merci d’avoir écouté mon petit témoignage. Je vous enverrais une photocopie de mon diplôme.

5- Michaëlle Jean, ce qui me fascine chez vous c’est votre français, ça me rappelle celui de ma blonde et j’en ai ici la preuve. C’est un diplôme que ma blonde m’a décerné un jour. Je l’ai trouvé un matin accroché sur le frigo.

Diplôme du conjoint idéal, c’est comme ça qu’elle l’a appelé.

Ce diplôme atteste que Benoît Boucher a rempli avec succès les exigences requises en matière de relation de couple en ce qui concerne la communication, la compréhension, la tolérance, la patience, l’amour et la tendresse.

Il se voit ainsi attribué le diplôme du conjoint idéal.

En foi de quoi, je lui décerne la très honorable mention d’homme idéal.

Jennyfer : Conjointe comblée

Évidement, le support de ma blonde m’aide à faire mon temps, mais surtout il me force à être digne de sa confiance et du respect qu’elle me porte. C’est la première fois que je me sens non jugé par mes proches. Je sais que je ne suis pas l’homme idéal mais j’aime ma femme. J’aime Jennyfer.

Michaëlle, votre mari n’a pas pu être là avec vous aujourd’hui, j’imagine que c’est l’homme de votre vie. Je ne le connais pas. Il paraît que c’est un philosophe qui fait bien la cuisine. Il sera le bienvenu s’il accepte de venir nous donner un seul cours de philo sur le thème : Citoyenneté et liberté. Merci.

6- Chère Michaëlle, en 2002, j’étais à Bordeaux. Le jour de votre visite, j’étais là et Victor Hugo aussi. Vous vous rappelez ce poème que j’ai cité ‘’Ceux qui vivent sont ceux qui luttent’’. Voilà un poème que je pourrais répéter aujourd’hui parce qu’elle prend un sens encore plus profond. Mais, aujourd’hui, on va laisser Victor Hugo tranquille. C’est plus facile de citer les autres que de se citer soi-même. Aujourd’hui je vais me citer. Sous la torture du tortionnaire Mohamed Lotfi, j’ai fini par pendre moi-même un poème.

Un jour ma mère m’a dit, ‘’Fais attention à toi Philippe’’. Cette phrase a tourné dans ma tête durant des années. Mais je dois avouer que je n’ai pas toujours été à sa hauteur. Aujourd’hui, je sais que ma mère est à l’écoute, je voudrais qu’elle m’écoute s’adresser à elle en présence Michaëlle Jean. En la présence de la Gouverneure Générale du Canada. Je sais qu’elle a toujours été fière de vous. J’espère qu’elle sera fière de moi. J’ai appelé mon texte simplement ‘’Pardonne-moi ma mère’’ :

7- Bonjour Michaëlle, je m’appelle Alexis. Moi je voudrais d’abord vous dire à quel point je suis fier de parler à Michaëlle Jean en tant que sœur et en tant que Gouverneure Générale d’un pays. Quand j’ai appris votre nomination, je n’en revenais pas. Mohamed nous a souvent répété que ceux qui se sentent exclus, chez les noirs en particulier, votre nomination devrait leur dire quelque chose. J’ai réagis en lui disant, le jour ou Michaëlle Jean osera venir à Bordeaux pour me rencontrer, je pourrais lui dire moi quelque chose. Parce qu’il ne suffit pas d’être nommé Gouverneure Générale, même si j’en suis fier en tant que noir, on sait comment le pouvoir peut changer les gens. Maintenant que vous êtes devant moi en personne, voici ce que j’ai à dire à la Gouverneure Générale du Canada.

J’ai toujours eu de la difficulté à me reconnaître comme citoyen à part entière. Je suis né au Québec, mais j’apprends doucement à assumer le fait que je suis aussi québécois. Pour moi être québécois c’est être quelqu’un. Franchement, je ne peux pas dire qu’ici au Québec, je me suis toujours senti considéré comme quelqu’un. Je ne suis pas le seul noir né au Québec qui arrive mal à se dire qu’il est québécois à part entière. Je ne cherche pas à justifier ou à pardonner les actes qui m’ont conduit à Bordeaux. Mais à comprendre. Pourquoi je me sens d’abord haïtien alors que je suis né au Québec ? Pourquoi y’a-t-il deux fois plus de chômage chez les noirs alors qu’ils sont paraît-il deux fois plus diplômés ? Y’a-t-il un rapport entre mon problème d’identité et ma délinquance ? Il ne faut pas vraiment être intelligent pour laisser entendre que les noirs ne sont pas intelligents. Comment se sentir quelqu’un si on est exclu, méprisé. C’est vrai que les noirs sont trop nombreux à Bordeaux. Prenez bien ça en note parce que ce n’est pas normal. Prenez aussi en note que la plus part de ces noirs sont beaux, intelligents et créateurs. Comme nous répète souvent Mohamed, nous sommes des hommes de passage. À force de l’entendre, j’ai fini par écrire ce rap que je dédie à votre passage parmi nous. Je vais vous chanter ma fierté et mon espoir.

8- Bonjour, je m’appelle Laurent, j’ai 31 ans. Entre votre vie Michaëlle et la mienne il y’a un drôle de parallèle. Vous êtes né à Port aux princes. Je suis né à Montréal. Vous êtes arrivée ici à l’âge de dix ans. Moi j’ai quitté pour Haïti à l’âge de 22 jours. Vous êtes retourné à Port-Au-Prince et revenue par la suite pour vous installer définitivement avec votre mère et votre sœur. Moi aussi je suis retourné, mais en faisant la navette entre Montréal et Port-au-Prince pendant des années. Le plus mêlant dans mon histoire c’est que mes parents alors qu’ils voulaient à tout prix que je n’oublie jamais d’où je viens, que je parle bien créole, que je sois fier d’être haïtien, en même temps ma mère n’a jamais voulu que je fréquente les jeunes haïtiens de Montréal. Je fais de la prison depuis 1992 avec des petites sentences. Je suis un récidiviste. Quand Mohamed m’a demandé si je sais pourquoi ma première fois en prison n’a pas été la dernière ? Je n’ai pas su quoi répondre exactement. Et franchement, je ne le sais pas complètement encore. Mais cette question mérite d’être posée à tous les récidivistes, mais aussi à toute la société. Pourquoi la première fois en prison n’est pas la dernière ? Je lance la question comme une bouteille à la mer. En votre présence Michaëlle, elle trouvera j’espère une réponse. Moi je vais continuer à la chercher, c’est la première fois que je le fais sérieusement. Merci de m’avoir écouté.

09- Rebonjour Michaëlle. J’ai souvent répété dans mes chansons que je veux devenir millionnaire. Je ne suis pas le seul qui porte ce rêve. On a tous rêvé un jour de devenir millionnaire. Un jour Mohamed m’a posé la question. ‘’Tu rêves de devenir millionnaire ou tu rêves de devenir heureux ?’’. ‘’Devenir millionnaire rend-il nécessairement heureux ?’’ ‘’Peut-on devenir rapidement millionnaire sans faire mal à personne ?’’. Voilà des questions qui m’ont fait beaucoup réfléchir sur le bonheur et sur le choix des mots. C’est vrai qu’au fond ce que je recherche c’est simplement d’être heureux, surtout lorsqu’on a vécu ce que j’ai vécu, on veut rattraper le temps perdu. On a peur de mourir avant d’avoir connu un peu de bonheur. Il faut reconnaître que les médias et la publicité surtout envoient aux jeunes, comme moi, des messages pervers. ‘’Argent égal bonheur et bonheur égal argent’’. Je répète, je suis responsable de ma vie et de mes actes, mais maintenant que j’ai compris le message, je ne me laisserai plus avoir par le mensonge. Je suis déjà millionnaire.

10- Bonjour Michaëlle, je suis né au Maroc. Dans mon pays d’origine il y’a un Roi, mais je ne l’ai jamais vu se rendre en prison pour dire bonjour à des prisonniers, encore moins les écouter. Je n’ai jamais été en prison au Maroc, j’ai une forte sensation que si j’étais resté au Maroc, je n’aurais jamais été en prison et pourtant mes parents sont venus au Canada pour améliorer le sort de leurs enfants. Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Moi aussi, je ne veux pas pleurer sur mon sort, je sais que je vais m’en sortir. Mais je pense à beaucoup d’enfants d’immigrants qui méritent à un meilleur sort que la prison. Je dois reconnaître que les filles immigrantes s’en sortent beaucoup mieux que les garçons. Ma sœur est un exemple. Vous êtes un exemple. Notre prophète Mohammed a dit ‘’Le paradis est sous les pieds des mères’’ Il n’a pas tord. Je pense à ma mère que je salue.

En tout cas Michaëlle, si jamais un jour vous faîtes un voyage officiel dans mon pays d’origine racontez SVP au Souverain de mon pays que vous connaissez des Souverains anonymes. Dîtes-lui surtout qu’il y’en a beaucoup dans son Royaume et passez-lui le bonjour de ma part, Souverain Abdel. Merci Michaëlle.

11- Bonjour Michaëlle, bienvenue au Souverains anonymes. Je m’appelle Stéphane. Je vous connais peu, à part vous avoir vu à la télé. Je peux voire une femme heureuse. Une femme forte, mais vous avez vécu dans votre vie beaucoup d’obstacles avant d’arriver là ou vous êtes arrivés.

Sans vous apercevoir, vous m’avez montré la preuve que lorsqu’on veut, ont peut.

J’aimerais également vous dire Michaëlle, que les mêmes médias qui vous en fait du mal, ce sont les mêmes qui font parfois mal à certaines personnes concernés par la Justice. Je respecte le travail des médias, mais ici comme ailleurs, je ne respecte pas le mal qu’ils font souvent aux gens en racontant des mensonges.

On dit que le pouvoir des médias c’est le troisième pouvoir.

Il peut être parfois dévastateur. Surtout quand le mal est déjà fait.

Je vous dis en mon nom et au nom et au nom des Souverains anonymes, bon courage, et comme vous a dit si bien votre fille Marie-Eden ‘’Fonce comme un train’’.

Bonne courage Michaëlle. Voici de ma part un petit cadeau que j’ai fais de mes propres mains.

12- Rebonjour Michaëlle, comme a dit Philippe, SA existe depuis 16 ans. Il y’a eu plus de 13 mille détenus qui ont participé à ce programme. Je suis un des rares qui n’a jamais manqué une seule séance, j’arrive le premier et je pars le dernier. Je profite de chaque seconde de ce programme. Résultat, j’ai écris et interprété des dizaines de chansons et des poèmes, il y’en a au moins une ou deux qui feront partie d’un autre album qui paraîtra un jour. L’album s’appelle Rap des hommes rapaillés. Voici une des chansons que j’ai écrite pour cet album :

13- Bonjour Michaëlle, je suis Nicodème, J’ai quitté Bordeaux il y’a 13 ans. Pour moi, la première fois a été la dernière. Ma sentence avait duré 18 mois. Avec le recul, je peux vous dire aujourd’hui que j’ai fais du bon temps. Pour que la première fois en prison soit ma dernière, j’ai dû profiter de presque tous les programmes. Et de Souverains anonymes en particulier. Je n’oublierais jamais la rencontre avec Albert Jacquard. Cette rencontre a été déterminante pour moi. Quand un homme de son calibre vous dit que vous êtes un grand de ce monde, vous ne voyez plus le monde de la même manière. C’est à Bordeaux que réappris à lire et à écrire. Quand je suis sorti en 93, j’ai continué à écrire, j’envoie régulièrement mes écrits à Mohamed qui les publie sur le site web des Souverains. J’ai entamé l’écriture d’un roman. Ça fait 13 ans que j’ai quitté Bordeaux. Mais je suis revenu souvent pour assister à des rencontres. J’ai laissé aujourd’hui mon travail pour témoigner dans cette rencontre spéciale. Voici un de mes poèmes que j’ai écris il y’a cinq ans, c’était pour rendre hommage à l’ancien local des Souverains qui m’avait fait beaucoup de bien.

Le local souverain

Je sors d'la cellule
J'ai des ailes
j'survole les vestibules
J'sors de l'aile

J'crève La bulle
La dope: la pillule
Y'est l'heure
J'Traverse les heures

J'touche pus à terre
J'brise le fer
J'sors dehors
J' m’évade à mort
Chus blanc, chus Noir
Chus plein D'espoir

J'rentre dans l'locale
D'la musique, Du poétique
J'dis Génial!
Pas un mur, pas une brique
J'me fait radio-fun-hic

Je sors un écrit
J'le lis
Ça rime
J'sors du crime

On rit, on se donne la main
On se fait Souverains
Y'a pus d'peine
On nous Aime, On Aime
On redevient Humains
Artistes enfin!

J'me souviens
Mon Local Souverain...
Si j'me suis fait mal
En millieu carcérale
T'y est pour rien
TOÉ...Tu m'as fait du bien.

Aime le Souverain
Nicodème Camarda
14 décembre 2000

14- Georges William. (Chant africain du Cameroun)

15- Le mot de la fin Michaëlle est bref.

Le refrain de notre chanson thème (chanté par Luck Mervil) dit :

Noirs et blancs dans le même système,

Derrière des murs café crème.

Aujourd’hui, nous avons été noirs et blancs en dehors du système et les murs sont témoins…

Témoins que l’impossible est possible quand on le veut…

Chère Michaëlle Jean, Paul Martin vous a nommé la 27 me Gouverneure Générale du Canada, moi et mes camardes nous vous déclarons pour la deuxième fois, Souveraine anonyme.

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