« Votre visite parmi les Souverains était nécessaire! »
Émission intégrale
Dr Samuel Blain et Dr Gérard - Entrevue BONUS!
Bande-annonce
Je quittes ma cellule
Je traverses les couloirs
Je salues mes amis
Je leur dis " à plus tard "
Je n' quittes pas Bordeaux
Du moins pas encore
Je m’évades dans les mots
et la musique des noirs
Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question
Des questions que je me poses
en vers et en proses
Je te salue homme hakim
Et je te plaide notre cause
Dr Samuel Blain
Bienvenue parmi les
Souverains anonymes
1- Bonjour Samuel. Bienvenue parmi les Souverains. Vous étiez parmi nos invités d’honneur au 35me anniversaire de Souverains anonymes le 12 décembre dernier. Mohamed a jugé bon de vous réinviter en tant que médecin. Ça tombe bien, je suis médecin aussi. Mais avant de se parler entre médecins, je vais te raconter une petite histoire. Il était une fois, un jeune-homme de Trois-Rivières, qui rêvait de changer le monde. Il a commencé par vouloir changer le monde autour de lui, il était particulièrement attiré par les marginaux, les sans-abris, les délinquants. Pour aider sa cause de changer le monde, il a fait des études en médecine, mais cela ne l’empêchait pas de faire un peu de musique. C’est ainsi qu’il a croisé sur son chemin un autre jeune-homme qui lui, a fini par abandonner ses études en médecine pour se consacrer entièrement à la musique. Ces deux changeurs de monde se retrouvent souvent en prison, le premier en tant que médecin auprès des détenus et le deuxième en tant que musicien casseur de murs. Aujourd’hui, ces deux hommes sont avec nous et j’ai nommé Dr Samuel Blain et le musicien Kattam et ses tatams (Applaudissements). Mais c’est avec vous Dr Blain que nous allons parler. Déjà le 18 décembre 2003, ici même à Souverains anonymes, tu affirmais ton attachement pour le monde des marginaux. Maintenant que vous êtes devenu officiellement responsable de leur santé comme médecin à la prison de Trois-Rivières. Le rôle d’un médecin en milieu carcéral au Québec est essentiel pour garantir le droit à la santé des personnes incarcérées, conformément aux normes nationales et internationales. Mais si j’ai bien compris, vous ne faîtes pas uniquement un travail de médecin qui guérit des patients de passage en prison. Vous êtes réellement engagé dans une démarche d’inclusion des personnes incarcérées dans leur milieu socio-économique. Avant de vous dire nos opinions sur l’état des soins de santé en prison, expliquez-nous SVP en quoi consiste concrètement votre démarche?
2- Dr Blain, vous devez savoir mieux que moi que les soins les plus difficiles à obtenir en milieu carcéral au Québec sont liés à la santé mentale. Il est très difficile pour ne pas dire impossible de diagnostiquer et traiter des troubles mentaux fréquents en milieu carcéral comme la dépression, l’anxiété et les troubles psychotiques. Cela exige l’emploi à temps plein des psychiatres, des psychologues et autres professionnels pour fournir des soins adaptés. Être en prison avec des problèmes de santé mentale non traités, c’est une double peine. La place de certains détenus ce n’est pas en prison, mais à l’hôpital. L’infirmerie de la prison tel qu’elle existe n’est pas outillée pour faire face à ce genre de problèmes. L’infirmerie se contente de fournir des médicaments prescrits, mais quand un détenu fait une crise psychotique en manifestant une certaine violence, ce n’est pas lui rendre service que de l’envoyer en réclusion, ça ne fait qu’aggraver son mal. Idéalement, il devrait être plutôt envoyé à l’hôpital pour recevoir des soins appropriés. Essayez d’imaginer la sensation d’un détenu qui se considère punit pour avoir des symptômes sur lesquels il n’a pas de contrôle. Sur ces problèmes, avez-vous déjà fait des recommandations auprès des Services Correctionnels du Québec?
3- Bonjour Samuel, dans le document vidéo de 2 heures et 12 minutes sur le 35eanniversaire de Souverains anonymes, on peut entendre un extrait du témoignage de Serge Ménard, alors ministre de la Sécurité publique. De 1990 à aujourd’hui, jamais un ministre de la Sécurité Publique n’a été aussi pertinent, aussi progressiste dans son discours sur la réhabilitation. Dans le discours politique et médiatique aujourd’hui, il n’existe plus de place pour la réhabilitation des personnes judiciarisées. Le populisme règne à tous les niveaux, même ceux qui se disent progressistes dans nos partis politiques n’osent pas aborder ces questions, probablement, parce qu’ils jugent que cela n’est pas très payant politiquement. Comme disait Maka Kotto, dans son témoignage pour notre 35e anniversaire, « la réhabilitation c’est une affaire de volonté politique ». Cher Dr Samuel Blain, comment penses-tu défendre ton projet d’inclusion des personnes judiciarisées dans une société et avec un gouvernement ou cette volonté politique brille par son absence? Tu n’as pas remarqué qu’il manque un Serge Ménard dans la salle.
4- Bonjour Samuel, je m’appelle Aburamadan. Je sais pourquoi Mohamed t’a invité. Tu es un médecin engagé et des médecins engagés c’est rare. Ils sont encore plus rares dans les zones de guerre où ils se font tués. Plus de 50 médecins et autres professionnels de la santé ont perdu la vie pendant les combats à Gaza depuis le début de l'escalade de la guerre en octobre 2023. Cette guerre a eu des conséquences dramatiques non seulement sur les civils, mais aussi sur les travailleurs humanitaires, y compris le personnel médical. Les hôpitaux et les structures de santé ont été gravement endommagés, et plusieurs médecins et paramédicaux ont été tués ou blessés alors qu'ils tentaient de sauver des vies dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses. Les organisations internationales telles que la Croix-Rouge et Médecins Sans Frontières ont rapporté que les attaques contre les structures médicales, les ambulances et les personnels soignants font partie des violations graves du droit international humanitaire. Cela souligne les risques accrus auxquels sont confrontés les professionnels de la santé dans les zones de guerre. Je suis né à Gaza. Mon rêve c’est d’y retourner pour contribuer à la reconstruction de mon pays. Je ne te demanderais pas Samuel de venir avec moi, mais dis-moi. As-tu déjà envisagé travailler dans une zone de guerre?
5- Bonjour Samuel, je m’appelle Tarek, je suis libanais d’origine. J’ai été bien nourri dans mon enfance par l’huile d’olive, zaatar, le humus, baba ghanouch et le kaftania, la kabbania, resultat, je me porte très bien. C’est vrai, je porte une barbe longue, j’ai la tête chauve, mais mentalement, je me porte très bien. La preuve, je te laisse apprécier mon intelligence dans ma question que voici : J’ai compris dans la préparation de cette émission que tu participes à des Congrès de l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, pour faire connaître tes projets. Penses-tu vraiment que ton message sur l’inclusion des personnes judiciarisées sera mieux entendu par les autorités nationales en passant par l’internationale?
6- Bonjour Samuel, ton ami Kattam tenait à être présent aujourd’hui et comme d’habitude, il va casser la baraque.. n’hésite pas de te joindre à lui. À toi Kattam!
7- Dr Samuel Blain, votre visite parmi les Souverains était nécessaire! Nous sommes heureux de l’avoir réalisé avant la fin de ce programme. Je souhaite un grand succès à vos projets auprès des autorités. L’institution carcérale au Québec a besoin de gens comme vous pour lui donner un coup de pouce dans la bonne direction. J’espère surtout que votre voix soit entendue auprès de l’opinion publique. Elle a besoin d’être éclairée sur ces enjeux importants de santé publique. Comme dirait un illustre invité de Souverains anonymes, le grand Albert Jacquard, si une prison existe dans une ville, ça veut dire qu’il existe un problème dans la société toute entière. Au nom de tous mes camarades Souverains, je vous déclare Dr Samuel Blain, Souverain anonyme!
ML/2025